Jeudi 29 Janvier - 2/2

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Comme promis, Lex avait attendu son ami au parking deux-roues une fois la dernière cloche sonnée. Seul. Nathan avait suivi tant bien que mal la petite cylindrée rouge jusque dans le plus vieux quartier de l'agglomération, l'ancien berceau des marins. Cyrille vivait dans le coin, aussi le cycliste fut-il tenté plusieurs fois de faire demi-tour en croyant deviner les intentions du blouson noir.

Ils finirent par tourner trois rues avant celle que Nathan redoutait et s'arrêter devant un petit gymnase. Lex lui passa le bras sur l'épaule et l'entraîna à l'intérieur :

— Et voilà mon pote, on y est ! Mon club de boxe !

Une odeur de vestiaires rance prit Nathan à la gorge. Il détestait cette odeur depuis le collège, lui rappelant bien des humiliations en cours d'E.P.S. La petite salle regorgeait de sac de frappe, d'haltères et schémas de musculation. Trois personnes s'entraînaient dans leur coin tandis que deux autres dansaient sur un ring et sous l'œil expert d'un entraîneur. Celui-ci se retourna en entendant la voix grave d'Alexandre et vint à sa rencontre.

— Lex, je t'ai dit que je ne veux pas te voir en dehors des heures d'entraînement ! Si t'apprends pas à te ménager, tu finiras sur les rotules avant même la compèt' du printemps.

Le petit homme chauve avait la voix chantante d'un italien. Il faisait à peine un mètre soixante et paraissait maigre de loin. De prêt, Nathan put apprécier une musculature ciselée qui aurait fait pâlir Cyrille. Bronzée en plein hiver, la peau de l'entraîneur semblait avoir été tannée par toute une vie à recevoir des coups de poing.

— Relax, coach. Je viens pour mon pote. Comme tu vois, il pourrait prendre deux ou trois conseils.

Le vieil entraîneur en débardeur jugea le visage tuméfié du lycéen et renifla bruyamment.

— Il a pas l'air très vif ton ami. Et il est gras. Mais si tu veux, t'as qu'à le mettre sur un sac.

Les soixante-dix kilos de Nathan se sentirent insultés par la remarque du boxeur. Avant qu'il ait pu se défiler ou dire quoi que ce soit, le patron du club de boxe était déjà parti en hurlant sur le jeu de jambes d'un type dans le ring et Lex le tira vers un gros sac noir rafistolé de bandages.

— Écoute pas ce vieux grincheux. Il effraie tous les nouveaux avec ce discours. Allez vire ton pull et enfile ça, lui dit-il en jetant une paire de gants sur un banc à côté.

— Non, mais je... Euh... Je suis en jeans... Et puis...

— Ça va, tu vas juste balancer quelques coups sur un sac. J'te demande pas d'être le nouveau Rocky.

— J'ai pas très envie...

— Te fous pas de moi : tout le monde a envie de taper dans un sac comme ça ! Allez viens !

Lex avait raison, Nathan avait toujours eu envie de voir ce que ça faisait de donner un coup dans un sac de frappe. Il se sentait simplement gêné de le faire devant quelqu'un qui le connaissait. Il grimaça en enfilant des gants moites de sueur à l'intérieur, ce qui ne manqua pas de faire rire Lex. Il avait retiré son blouson de cuir et vint se placer derrière le sac.

— Allez mon pote, en position !

— Quelle position ?

— On s'en fout. Celle qui te paraît naturelle.

Nathan n'y connaissait pas grand chose à la boxe. Il n'avait vu que Rocky et Raging Bull. Il tenta d'imiter ces célèbres boxeurs en adoptant une garde qui s'approchait de ce qu'il avait vu dans ses films.

— Ouais, pas mal. Maintenant, frappe-moi ce sac !

Le novice s'exécuta, sans grande conviction.

Teenage RiotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant