Si tu vas à Rio, prends un vol en classe économico!

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Enfoirés de producteurs. Je leur ai annoncé que je devais faire un voyage ultra important. Que cela pourrait être très productif pour mon avenir musical. Comme cela n'avait rien à voir avec Sens Unique, et que je ne voulais pas en dire trop, ils ont refusé de me prêter l'avion de la compagnie. Ce qui fait que j'ai dû voyager sur une ligne commerciale. Bien sûr, pas de place en première. La classe économique ! Vous vous imaginez, moi, condamné à voyager au côté de la plèbe, de ces bouseux qui ne savent même pas s'acheter un déo ? Infernal !

Entre les mioches qui hurlent, les parents qui leur crient dessus parce qu'ils ne se tiennent pas tranquille... Et ce moutard, à côté de moi, qui m'a reconnu ! Bordel ! Même pas moyen de se détendre pendant le vol. La seule chose qu'il voulait, c'était une photo de lui et moi. Je n'ai envie que d'une chose, lui foutre une bonne grosse mandale pour qui me foute la paix. Mais j'ai vu ce qui est arrivé à l'autre Biberon. Il a filé une beigne à un de ses fans. La presse en a fait tout un foin. Le gamin l'a attaqué en justice et a gagné un million de dollars en dommages et intérêts. Non, je ne lui ferai pas ce plaisir à ce sale mioche.

Mais sérieusement, qu'il arrête de tirer sur les câbles de mes écouteurs ! Continue, ce ne sera pas une beigne. Les fils de mes écouteurs sont en or. Il n'y a rien de plus solide. Alors, vas-y continue, et tu connaîtras les affres de la strangulation. Bon, j'ai trouvé le moyen de lui faire une peur de tous les diables. Max m'a envoyé une playlist de titres à écouter, pour parfaire mes connaissances. Hop ! Fini les écouteurs. On met le volume à fond. Comme cela, tout l'avion pourra en profiter !

Ha ben ça y est ! Voilà qu'il se met à chialer maintenant ! Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu ? Il peut pas juste avoir la frousse, s'enfoncer dans son fauteuil et me foutre la paix ?

« Monsieur, veuillez tout de suite arrêter ce vacarme ! »

L'hôtesse qui me parle a un regard plutôt sévère. Elle est d'ailleurs rapidement rejointe par deux autres membres du personnel de bord. Ils n'ont pas l'air jouasses. Ils sont limites en train de me fusiller du regard, alors que je n'ai juste fait que me défendre face à ce petit vicieux qui n'arrête pas de m'emmerder !

« Euh, écoutez, ce mioche n'arrête pas de m'enquiquiner depuis le début du vol. J'ai crû que ça pourrait l'aider à ce qu'ils se tiennent tranquille.

« Monsieur, vous déranger tout le monde avec vos cris immondes et guitares qui ne ressemblent à rien ! »

Mince. Elle a raison. En fait, les trois quarts des passagers ont la même expression sur leur visage. Des kalachs dans les yeux, partout, rivées sur moi.

« Écoutez, je promets d'arrêter. Mais à une condition. Faites-le taire ! Vous êtes sûre que vous n'avez plus de place en première ? Avoir un passager tel que moi, dans votre petite compagnie minable, mérite bien un petit geste ! »

L'hôtesse consulte ses collègues et discutent dans une langue que je ne comprends pas. Ils ont rapidement un regard entendu.

« Oui, c'est vrai, vous avez raison. »

Ensuite, elle se tourne vers l'enfant et ses deux parents.

« Madame, Monsieur, une famille s'est désistée au dernier moment. Et j'imagine qu'être à côté d'une personne aussi odieuse doit vous déranger au plus haut point. Désirez-vous changer de siège et venir en première classe ? »

Le sourire sur le visage des parents en dit long. Mais leur enfant n'est pas de cet avis. Il se met à hurler de plus belle.

« Mais moi je veux rester à côté d'Harry ! »

Je ne peux plus me contenir. Je vais vraiment tuer ce gosse. Et en plus, quelle enfoirée celle-là ! Elle leur propose des places à eux, et non à moi !

« Écoutez, mademoiselle, vous savez qui je suis ? Je suis Harry. Harry Staïle, du groupe Sens Unique ! Ce n'est pas à eux d'aller en première, c'est moi ! »

Je me rends compte que je ne suis pas en train de parler. Je hurle littéralement au visage de la jeune femme. Et elle me le rend bien, en me répondant d'une haute voix, pleine de postillon.

« Monsieur, je ne sais pas qui vous êtes ! Je peux juste vous dire que vous êtes un grossier personnage, extrêmement mal élevé et hautain. Si vous ne vous calmez pas tout de suite... »

Je l'interromps. Cette femme n'a pas à me faire de menace, pas à moi.

« Sinon quoi ? »

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase. Les hôtesses se jettent sur moi. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve ligoté, saucissonné et bâillonné. La famille d'emmerdeurs suit une hôtesse vers la première classe, sous les applaudissements de l'ensemble des voyageurs. Le comble, c'est que le père porte son gamin qui hurle de plus belle sous le bras, à cause de cette photo qu'il n'a pas eue. Et moi, Harry, suis réduit au silence, incapable de bouger jusqu'à la fin du vol.


Harry a du Staïle (reprise second semestre 2021)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant